Publié le 3 octobre 2023 Mis à jour le 5 septembre 2024
Photo : Nicolas DUSART
Photo : Nicolas DUSART

Avec le changement climatique, les températures hivernales augmentent et la nature se réveille parfois avec des jours voire des semaines d’avance. C‘est ce qu’il s’est passé en 2021 et 2022 : les températures favorables ont entraîné un démarrage plus précoce de la saison de végétation, qui est survenue avant les dernières gelées tardives. Ce phénomène, nommé faux-printemps, risque de se reproduire plus souvent dans le futur.

Avec le changement climatique, les températures hivernales augmentent et la nature se réveille parfois avec des jours voire des semaines d’avance. C‘est ce qu’il s’est passé en 2021 et 2022 : les températures favorables ont entraîné un démarrage plus précoce de la saison de végétation, qui est survenue avant les dernières gelées tardives. Ce phénomène, nommé faux-printemps, risque de se reproduire plus souvent dans le futur.

Simulation hivernale

Pour comprendre comment l’arbre réagit à ces variations de température, une équipe de l’Inrae a reproduit sur des noyers les conditions d’un hiver doux suivi d’un gel tardif. L’idée était d’exacerber les conditions naturelles observées sur un arbre isolé, où les températures diffèrent selon la face, ensoleillée ou ombragée. Sur un même arbre, les chercheurs ont donc enroulé autour de certaines branches des résistances chauffantes pour simuler une hausse de température (+7°C). Puis lorsque les premiers bourgeons ont démarré, ils ont mimé le gel tardif à l’aide d’une boîte réfrigérée.  

Photo : Nicolas Dusart
Photo : Nicolas Dusart - Photo : Nicolas Dusart

Des bourgeons impactés

Lors de cette expérience, ils ont observé que les branches chauffées débourrent (c’est-à-dire voient leurs premiers bourgeons démarrer) 10 jours avant les autres. Ces bourgeons sont détruits par le gel tardif, contrairement à ceux des branches non chauffées. Le chercheur Nicolas Dusart explique : "En hiver, des espèces tempérées comme le noyer sont en dormance. Elles n’ont pas de feuilles et les bourgeons sont déshydratés pour être résistants au gel. Quand le printemps arrive, les bourgeons se réhydratent et les sucres sont remobilisés pour permettre la croissance. Ces bourgeons sont gorgés d’eau, donc plus sensibles au gel". Conséquence : l’arbre voit son architecture modifiée, car les premiers bourgeons à démarrer sont ceux des extrémités, les bourgeons « apicaux ». En cas de gel, les dégâts concernent donc cette partie apicale, sur un tiers de la branche, mais l’ensemble de la branche ne meurt pas. En dessous, les bourgeons restés dans un état de dormance prennent le relais pour reformer des branches. Cela donne un arbre plus buissonnant et ramifié. Selon Nicolas Dusart, “il existe pour l’arbre un compromis nécessaire, entre débourrer tôt et avoir une période de croissance plus longue, ou éviter le gel tardif mais risquer d’avoir une période de croissance plus courte. Cela conditionne sa survie”. 

Suite à ces résultats, en cours de publication, l’équipe poursuit ses travaux sur d’autres espèces du réseau DIVAE, un réseau de vergers expérimentaux dédié à l’observation des arbres fruitiers. Le but est de comprendre l’effet du climat sur la biologie de différentes espèces fruitières (abricotier, cerisier, pêcher, pommier). D’autres expériences sont en cours sur les agrumes, dans le cadre du projet européen Life-Frostdefend.  

 

Références
  • Nicolas Dusart, Félix Hartmann, Christophe C. Serre, M. Saudreau, Bruno Moulia, et al. Temperature heterogeneity at crown scale possible impact on tree architecture after late spring frost. From genes to plant architecture: the shoot apical meristem in all its states, Nov 2022, Poitiers, France. ⟨hal-03881001⟩
  • Nicolas Dusart, Félix Hartmann, M. Saudreau, Bruno Moulia, Guillaume Charrier. Feedback of intracrown temperature heterogeneity on vulnerability to frost. 12TH INTERNATIONAL PLANT COLD HARDINESS SEMINAR, IPCHS, Dec 2021, Gathertown, Japan. pp.31. ⟨hal-03541135⟩